À la suite de sa tournée dans quatre de nos dix écoles l’année dernière, Christian Pilon est revenu sur le territoire des Aurores boréales. De janvier à mars, le voyageur métis franco-ontarien s’est rendu à nouveau dans nos écoles pour offrir un atelier d’une semaine sur la fabrication d’un canot d’écorce aux élèves et membres du personnel ; cette fois-ci à Red Lake, Dryden, Thunder Bay, Geraldton et Nakina.
Découvrez les noms et les esprits de chaque canot qui furent inspirés par les traits retrouvés dans l’écorce. Chaque canot a sa propre signification et partage une leçon de vie apprise.
Memenhgwaanh
Lors de la cérémonie du dévoilement de canot, l’École catholique des Étoiles-du-Nord (Red Lake) a nommé son canot « Memenhgwaanh » (prononcé mé-méing-gwaw), ce qui veut dire « papillon ». Son esprit est la transformation.
« Le milieu du canot, c’est l’équilibre entre le passé et le futur, c’est le présent », explique Christian Pilon. « Chaque mouvement présent est basé sur nos mémoires du passé, qui affecte le futur. On se doit de trouver l’équilibre entre ce qui nous a formés (le passé) et pourquoi nous sommes ici, ce que l’on va former (le futur). Le papillon va éclore avec une transformation pour que l’on puisse voler avec toutes nos mémoires. »
Sur le canot, on retrouve aussi une tête de loup, et deux cœurs (un à l’endroit et l’autre à l’envers).
Libellule
À Dryden, le canot de l’École catholique de l’Enfant-Jésus a été nommé « Libellule », et son esprit est le voyage.
La libellule, grâce à son caractère unique et son adaptation, nous rappelle que les choses peuvent prendre du temps, et, comme la libellule « il faut laisser la chance aux enfants de choisir quand ils sont prêts à prendre le vol », a dit Christian.
« La libellule est très précise dans ses mouvements. Quand nous demandons de l’aide, il faut aussi être précis », explique-t-il. « Cette libellule nous rappelle aussi notre habileté à se transformer et la capacité d’adaptation et de rayonner! »
Tout au long du processus de fabrication, les parents et les membres de la communauté ont également pris part dans l’expérience. Pour Eric Piovesan, parent de l’école, ce fut une expérience unique :
« La passion de Christian Pilon pour la culture et le patrimoine métis se reflète dans tout ce qu’il fait. Je suis arrivé à la séance avec l’espoir d’acquérir une nouvelle compétence et je suis reparti avec une nouvelle compréhension de la culture autochtone et une nouvelle connaissance de la nature. »
Tandis que pour Percy Cameron, membre de la communauté, il fut émerveillé d’apprendre que le canot a été fabriqué uniquement avec des matériaux venant de mère Nature. « C’était un grand honneur d’avoir l’occasion de travailler sur le canot. J’étais étonné de voir comment le tout est venu en place pour créer le canot et les contours. »
Jiibay-miikana
Prononcé jè-bye-mii-ka-na, le mot Anishnabé pour le chemin des esprits, ou la Voie lactée fut le choix de nom du canot de l’École secondaire catholique de La Vérendrye (Thunder Bay). Son esprit est Niigani-binesi (prononcé nee-ga-nee bi-nay-s) qui signifie « le grand oiseau qui guide par l’avant ».
« Comme notre vie terrestre, nous sommes entourés et soutenus des visibles et invisibles pour nous aider. La Voie lactée est le dernier chemin pour se rendre au créateur », explique Christian. « Il faut s’éloigner de la ville et veiller tard pour être en mesure de voir et apprécier la Voie lactée. »
Lors de la cérémonie de dévoilement du canot, il a aussi raconté que l’écorce contient plusieurs autres symboles de transformation : un visage dans un coquillage wampum, la tête d’un squelette avec une partie de sa colonne vertébrale, une personne qui pointe avec ses lèvres, un martin-pêcheur, un dragon, le petit ourson ainsi qu’un hibou.
Nèsèwin
À l’École catholique Franco-Supérieur (Thunder Bay), le canot fut nommé « Nèsèwin » (prononcé win, comme le mot anglais), ce qui veut dire « respiration ». Son nom nous rappelle que la première chose que l’on fait dans notre vie est de prendre une inspiration et que nous terminerons avec une expiration. Son esprit est Waabameg, ou gros poisson blanc, dont le béluga.
Christian explique que « l’on choisit ce qu’on laisse rentrer à l’intérieur de nous (inspirer), et ce que l’on fait sortir (expirer). Inspirer signifie aussi la création, et expirer, le laisser-aller ou partager. »
L’écorce dévoile aussi une baleine béluga qui rappelle l’importance de respirations profondes quotidiennes. « Elle est très à l’aise d’exprimer ses émotions. Elle est sociable avec sa communauté et sa famille », explique Christian. La baleine rappelle aussi l’importance de la communication, de maintenir des relations, ainsi que l’importance d’également prendre du temps pour soi et sans distractions.
La femme de la justice est également visible à l’intérieur de l’image de la baleine.
Agawaatebiigishin
Prononcé a-gah-waa-tay-bii-gish-in, le nom du canot de l’École St-Joseph (Geraldton) veut dire « il crée une réflexion dans l’eau ». Son esprit est Ginébig dodem, ou le serpent.
« La réflexion est la façon dont on se perçoit, autant dans le miroir que dans l’eau, mais aussi aux yeux de notre famille et nos proches. Nous sommes aussi une réflexion de notre environnement. L’environnement dicte la croissance, chez un enfant, son environnement détermine sa croissance », explique Christian.
Il ajoute que « l’écorce parle beaucoup ; du bon et du mauvais temps ; l’écorce ce n’est pas juste une partie du bouleau, mais elle est la mémoire de l’arbre et de la forêt. » Celle de ce canot est marquée par les animaux qui sont venus : le bison, le renard, l’homme en caverne avec une torche de feu, le héron vert, l’aigle, et même une patte d’ours.
Asigan
Voulant dire « de la rassembler », Asigan (prononcé a-ci-gane) fut le choix de nom pour le canot de Notre-Dame-des-Écoles (Nakina). Son esprit est Wazhashk (prononcé wha-jasque), ou le rat musqué.
« Rassembler veut dire être avec nos proches, mais cela veut aussi dire être seul et rassembler tout ce qui nous nourrit pour nous ressourcer et reprendre nos forces », explique Christian. « Toute la semaine, j’ai vu le partage que les francophones ont fait avec les anglophones et c’était beau à voir. C’est important de vous rassembler et de vous entraider pour bâtir une famille, la communauté et l’estime des jeunes. »
Dans l’écorce, on retrouve le rat musqué qui est l’un des animaux qui peuvent s’adapter dans l’eau et sur la terre. Christian raconte que « lorsque la lune est pleine, le rat musqué peut voyager entre le monde spirituel et notre monde ».
On y retrouve aussi un ours ou une tortue qui sort de son lieu d’hivernation, la lune ou le soleil, ainsi que les dunes de neiges.
Les canots seront exposés dans chaque école, allez les voir lors de votre prochaine visite.
Ce projet d’apprentissage fut subventionné par le Conseil des Arts de l’Ontario dans le cadre du programme Artiste en résidence.