Date de publication : 9 février 2023

En janvier et février, Christian Pilon est parti à l’aventure dans notre région, s’arrêtant pour faire la rencontre de quatre écoles. Le voyageur métis franco-ontarien a offert un atelier d’une semaine sur la fabrication d’un canot d’écorce aux élèves et membres du personnel de l’École catholique Val-des-Bois (Marathon), l’École Immaculée-Conception (Ignace), l’École catholique Franco-Terrace (Terrace Bay) et l’École Notre-Dame-de-Fatima (Longlac).

Cette expérience enrichissante a permis à nos élèves d’apprendre davantage sur la culture Franco-Métis, ainsi que les étapes culturelles et éducatives de la fabrication traditionnelle d’un petit canot d’écorce authentique. Les élèves ont choisi l’écorce, manipulé les outils, épluché et pris des racines pour attacher l’écorce au squelette du canot, et déposé les roches afin de stabiliser l’écorce. Lors du processus, Christian a partagé les enseignements liés à la confection d’un canot tels que les sept cadeaux et la roue de médecine.

En plus de la construction d’un canot, les élèves et le personnel enseignant ont pu déguster du cidre de pommes et du thé de cèdre fait à la manière traditionnelle, apprendre des chants autochtones, jouer le tambour et écouter à des contes autochtones. Certains ont eu l’occasion d’aller en randonnée en raquette, apprendre à fabriquer des bijoux en écorce, et découvrir des jeux inuits.

Maamigin Aazhogann

Lors de la cérémonie du dévoilement de canot, l’École catholique Val-des-Bois a choisi de nommer leur canot« Maamigin Aazhogan » (prononcé mah-mi-gin à-chaud-gun), ce qui veut dire « rassembler au pont ».

« Lors de la fabrication, il a fallu rejoindre deux morceaux pour fabriquer l’extérieur du canot. Ceci représente un des ponts du canot », explique Christian Pilon. Les autres ponts ont été identifiés et créés lors du réassemblage de morceaux endommagé. Cependant, le nom du canot vient plutôt de l’image sur la bedaine du canot où l’on retrouve les têtes rondes et les corps longs tout en blanc. Selon l’explication de Christian, « nous sommes les têtes et corps longs. Nous sommes la gomme. » C’est là où l’on se rassemble au pont. « Le pont nous permet de traverser et rassembler les deux côtés d’une rive ou d’une relation. »

Waagosh

Prononcé waa-gouche, le mot Anishnabé pour un renard fut le choix de nom de canot de l’École Immaculée-Conception.

« Si l’on regarde la bedaine du canot, on voit la section blanche qui représente le bout de la queue et le rouge forme le restant du corps. Nous avons eu la visite du waagosh mercredi soir lors de la fabrication », explique Christian. « Le renard représente le mystérieux et l’habileté de se transformer et jouer des tours. Il nous rappelle l’importance de jouer et c’est ce que j’ai vu durant ma semaine à Ignace; les élèves autant que les adultes! Le renard est très intelligent et peut facilement s’évader de ses prédateurs. Il est aussi assez intelligent pour apprivoiser l’humain et non l’inverse, comme on le croit souvent. »

Mookam

À l’École catholique Franco-Terrace, le canot fut nommé « Mookam » (prononcé mou-came »). Ce qui veut dire monte ou lève, « rise » en anglais, ceci réfère à l’action d’une personne et/ou le soleil qui se lève.

Christian explique que dans l’écorce, « on voit le soleil qui perce l’horizon, et un bateau qui nous rappellent l’importance d’aller à la rencontre et accueillir le soleil tous les matins. On le réalise vite quand nous avons des jours ou semaines à la fois sans la chaleur du soleil pour nous caresser le visage. On se doit de se prendre en main et se lever. On monte faire face aux défis et aux célébrations que nous avons chaque jour. »

Sur le canot on retrouve aussi une tortue, une araignée et une grenouille.

Gaagaggi

Prononcé gah-gah-gé, le nom du canot de l’École Notre-Dame-de-Fatima veut dire « corbeau ».

« Le corbeau nous invite à voyager dans le vide pour aller à la rencontre de soi », explique Christian. « Il est venu faire un tour à quelques reprises durant le projet. Du toit de l’école, il observait la fabrication, parfois pour 45 minutes. Le corbeau est l’oiseau le plus intelligent de l’Amérique du Nord. » Il ajoute qu’en observant le canot soigneusement, « on peut voir le système solaire et la terre qui est en orbite avec les autres planètes. Quand on regarde encore, on peut y voir un géant corbeau en plein vol. C’est l’esprit de la création et le renouvellement. »

« Le canot est le cadeau que les Premières Nations ont fait aux Français à l’époque. Nous avons voyagé ensemble, et créé une famille ensemble. Mais, dans l’histoire, nous nous sommes séparés. Les autochtones sont toujours dans le canot, et la pagaie ou l’aviron (rame) vous attend. » – Christian Pilon

Les canots seront exposés dans chaque école. Passez les voir lors de votre prochaine visite à l’école.

Ce projet d’apprentissage fut subventionné par le Conseil des Arts de l’Ontario dans le cadre du programme Artiste en résidence.